INFO
Ni
prophétie
sinistre,
ni
voile
pudique
sur
la
réalité
qui
nous
attend,
le
troisième
rapport
sur
l'état
de
l'environnement
mondial
était
présenté
mercredi
soir
à
Bruxelles.
Deux
scénarios
sont
envisagés
à
l'horizon
2032.
Un
pessimiste,
sous
l'emprise
des
«
Marchés
».
Un
optimiste,
marqué
par
la
«
Durabilité
».
La
Terre
va
mal.
Très
mal.
C'est
le
bilan
sans
fioriture
du
troisième
rapport
dressé
par
le
Programme
des
Nations
unies
pour
l'environnement
(PNUE).
Dévoilée
mercredi
soir
à
Bruxelles
par
Klaus
Topfer,
directeur
exécutif
du
PNUE,
cette
somme
dressée
par
un
millier
d'experts
évalue
les
politiques
menées
depuis
trois
décennies
par
les
gouvernements.
L'état
des
lieux
est
sans
fard
dix
ans
après
le
sommet
de
Rio.
Il
traduit
une
inquiétude
majeure
trois
mois
avant
le
sommet
de
Johannesbourg.
Ce
sera
un
sommet
du
développement
durable
mais
aussi
un
sommet
de
l'environnement,
expose
Klaus
Topfer.
Car
sans
environnement,
il
ne
pourrait
y
avoir
aucune
espèce
de
développement
indispensable
pour
assurer
l'équité
aux
générations
présentes
et
futures.
Nous
avons
besoin
d'actions
concrètes,
de
calendriers
et
surtout,
de
la
part
de
tous,
d'une
volonté.
Pour
Klaus
Topfer
,
l'humanité
est
face
à
une
étape
cruciale.
L'état
des
forêts,
des
océans,
des
fleuves,
de
la
flore
et
de
la
faune
sauvages
n'ont,
il
est
vrai,
pas
de
quoi
faire
sourire.
Pour
sortir
de
l'impasse
du
développement
actuel
qui
conduit
la
terre
droit
au
chaos,
les
Nations
unies
ont
élaboré
quatre
scénarios
pour
les
trois
prochaines
décennies.
Mais,
de
la
version
«
pessimiste
»
du
tout
aux
marchés
à
l'hypothèse
«
optimiste
»
d'une
régulation
politique
et
d'une
prise
de
conscience
des
acteurs
économiques
et
sociaux,
l'horizon
2032
demeure
peu
lumineux
tant
les
niveaux
de
pollution
des
mers,
de
dégradation
des
sols,
de
réduction
de
la
biodiversité
et
de
concentration
de
CO2
dans
l'air
sont
importants.
Un
adjuvant
?
Comme
une
bulle
d'espoir
qui
nous
porterait
vers
une
terre
réconciliée
avec
l'homme,
le
rapport
pointe
des
réussites
telle
la
lutte
contre
la
réduction
de
la
couche
d'ozone
ou
l'amélioration
de
la
qualité
de
l'eau
dans
les
pays
riches.
Nos
connaissances
et
les
moyens
de
mettre
en
ouvre
des
solutions
n'ont,
il
est
vrai,
jamais
été
aussi
élaborés.
Construire
cet
environnement
meilleur
devra
enfin
rimer
avec
un
développement
plus
équitable,
constate
l'étude.
Plus
d'un
milliard
de
personnes
n'ont
toujours
pas
accès
à
l'eau
potable
et
2,4
milliards
n'ont
pas
de
moyens
d'assainissement
améliorés.
Actuellement,
un
cinquième
de
la
population
mondiale
jouit
d'une
prospérité
élevée.
Et
ce
cinquième
de
l'humanité
représente
près
de
90
%
de
la
consommation
personnelle
totale
mondiale.
Généralisé,
ce
modèle
serait
insoutenable
pour
la
Terre.
Scénario
pessimiste
L'humanité
est
à
une
étape
cruciale
de
son
évolution...
Trente
ans
après
la
première
conférence
de
Stockholm
et
dix
ans
après
celle
de
Rio,
le
rapport
GEO-3
a
été
dressé
par
le
PNUE
(Programme
des
Nations
unies
pour
l'environnement).
Ce
document
présente
quatre
scénarios
majeurs.
L'horizon
de
GEO-3,
c'est
2032.
Ci-dessous,
la
thèse
pessimiste
dite
«
Marchés
».
Elle
prend
pour
hypothèse,
à
politique
inchangée,
un
triomphe
des
forces
du
néolibéralisme.
Terre.
En
2002,
on
recense
plus
de
six
milliards
d'humains.
Soit
2,2
milliards
de
plus
qu'en
1972.
Près
de
40
%
de
la
population
mondiale
vit
désormais
à
moins
de
60
kilomètres
de
la
mer.
A
l'horizon
2032,
70
%
de
la
surface
de
la
terre
seront
«
affectés
»
par
l'impact
du
développement
des
villes,
des
routes,
de
l'irrigation
intensive
et
d'autres
infrastructures
si
aucune
action
urgente
n'est
entreprise.
C'est
l'Amérique
latine
et
les
Caraïbes
qui
seront
les
régions
les
plus
fortement
touchées
(80
%
des
superficies);
viendraient
aussitôt
après
l'Asie
et
le
Pacifique.
Dans
cette
région,
plus
de
75
%
des
terres
pourraient
être
affectées
du
fait
d'une
croissance
des
infrastructures
trop
rapide
et
mal
conçue.
Les
villes
d'Europe
ne
s'étendent
pour
leur
part
qu'à
raison
de
2
%
à
l'horizon
2032.
Eau
potable.
Deux
milliards
d'hommes,
soit
un
tiers
de
la
population
mondiale,
sont
dépendants
des
eaux
souterraines.
Dans
certaines
parties
de
l'Inde,
de
la
Chine,
de
l'Asie
occidentale,
et
notamment
de
la
péninsule
Arabique,
de
l'ex-Union
soviétique
et
de
l'Ouest
des
États-Unis,
le
niveau
de
la
nappe
phréatique
baisse.
Aujourd'hui,
près
de
60
%
des
grands
fleuves
sont
fortement
pollués
et
menacés.
En
2032,
plus
de
la
moitié
des
humains
auront
des
difficultés
à
se
procurer
de
l'eau
potable.
Aujourd'hui,
ils
sont
40
%
à
vivre
ce
drame.
L'ouest
de
l'Asie
(95
%
de
la
population)
et
les
régions
du
Pacifique
(65
%)
sont
les
premières
visées
en
termes
de
populations
concernées.
Biodiversité.
Les
forêts
un
tiers
de
la
surface
de
la
terre
ont
fondu
de
2,4
%
depuis
1990.
La
plus
grosse
perte
est
enregistrée
en
Afrique
(52,6
millions
d'hectares).
La
perte
d'habitats
pour
la
majorité
des
espèces
grandit.
Douze
pour
cent
des
oiseaux
et
vingt-cinq
pour
cent
des
mammifères
sont
aujourd'hui
menacés.
Le
scénario
Marchés
évoque
une
menace
sans
pareille
sur
la
vie
sauvage.
Et
donc
sur
l'homme.
Les
régions
côtières
et
marines.
Les
eaux
d'égout
sont
actuellement
la
plus
grande
source
de
pollution
issue
en
grande
partie
des
pays
industrialisés.
Combinées
à
la
fertilisation
des
sols
(agriculture
intensive)
et
aux
eaux
de
ruissellement
terrestres
(transport
routier),
ces
contaminations
ont
porté
la
pollution
marine
à
un
niveau
jamais
atteint.
Dans
le
scénario
Marchés,
la
charge
d'azote,
qui
est
un
indicateur
d'un
large
éventail
de
polluants
d'origine
terrestre,
augmente
partout
alors
que
son
augmentation
dans
les
eaux
côtières
européennes
est
généralement
moins
grave.
La
côte
méditerranéenne
subira
cependant
une
dégradation
globale.
Atmosphère.
La
gravité
des
catastrophes
causées
par
le
climat
augmente.
Durant
les
années
nonante,
90
%
des
victimes
de
ces
catastrophes
ont
péri
par
suite
des
inondations,
des
tempêtes
et
des
sécheresses.
Elles
trouvent
en
majorité
leur
origine
dans
le
phénomène
du
réchauffement
mondial,
dont
les
effets
pourraient
perturber
gravement
les
conditions
météorologiques
au
cours
des
prochaines
décennies.
Par
ailleurs,
les
émissions
de
dioxyde
de
carbone,
le
premier
gaz
responsable
de
l'augmentation
de
l'effet
de
serre
et
du
réchauffement
climatique,
continue
à
croître.
Dans
ce
scénario
pessimiste
elles
atteignent
16
milliards
de
tonnes
en
2032.
La
concentration
de
CO2
dans
l'atmosphère
sera
deux
fois
plus
importante
que
dans
l'ère
préindustrielle.
Scénario
optimiste
En
guise
de
préambule
au
scénario
«
Durable
»
,
dit
optimiste,
cette
déclaration
de
Klaus
Toepfer,
directeur
exécutif
du
Programme
des
Nations
unies
pour
l'environnement
:
Nous
avons
entre
nos
mains
déjà
des
centaines
de
déclarations,
d'accords,
de
directives,
de
traités
légalement
contraignants
conçus
pour
remédier
aux
problèmes
de
l'environnement
et
écarter
les
menaces
qu'ils
posent
pour
la
faune
et
la
flore
sauvages,
la
santé
et
le
bien-être
des
hommes.
Ayons
maintenant
le
courage
politique
et
trouvons
les
moyens
novateurs
de
financer
l'action
nécessaire
pour
appliquer
ces
accords
et
pour
guider
l'évolution
de
la
planète
Terre
vers
un
terrain
plus
salubre,
vers
une
plus
grande
prospérité.
Terre.
Dans
le
scénario
«
Durable
»,
la
superficie
totale
construite
continue
à
augmenter,
mais
elle
diminue
légèrement
en
Amérique
du
Nord
et
en
Europe,
en
dessous
de
2
%,
à
mesure
que
des
politiques
d'urbanisme
mieux
conçues,
comportant
la
construction
de
villes
plus
ramassées
et
de
superficie
plus
réduite,
sont
adoptées.
La
croissance
démographique
devrait
cependant
se
poursuivre
pour
se
stabiliser
en
2070
à
neuf
milliards
d'individus
quel
que
soit
le
scénario
envisagé.
L'eau.
Des
améliorations
ont
été
apportées
dans
des
domaines
tels
que
la
qualité
de
l'eau
des
rivières
en
Amérique
du
Nord
et
en
Europe.
La
Belgique
est
encore
à
la
traîne
sur
ce
plan.
A
l'horizon
2032,
la
proportion
de
personnes
vivant
dans
des
régions
frappées
par
un
stress
hydrique
grave
reste
à
peu
près
constante.
Elle
ne
diminuera
qu'à
la
faveur
de
méthodes
de
gestion
plus
efficaces
permettant
de
réduire
les
prélèvements
d'eau,
en
particulier
pour
l'irrigation.
En
Asie
occidentale,
la
proportion
restera
de
l'ordre
de
90
%,
mais
elle
diminue
de
moitié
aux
États-Unis,
tandis
qu'en
Europe
elle
diminue
d'un
tiers
actuellement,
à
un
peu
plus
de
10
%
en
2032.
La
biodiversité.
Même
dans
une
projection
optimiste,
les
impacts
produits
par
la
construction
d'infrastructures
ou
l'éradication
de
forêts
primaires
au
profit
de
l'agriculture
continuent
à
s'alourdir,
puisqu'ils
concernent
55
%
des
zones
touchées
actuellement.
Un
peu
moins
de
60
%
des
terres
en
Amérique
latine
et
dans
les
Caraïbes
subissent
les
effets
de
ces
constructions
d'infrastructures
en
2032,
et
un
peu
plus
de
40
%
en
Asie
occidentale.
La
situation
se
stabilise
après
2032.
Le
scénario
«
Durable
»
ne
chiffre
pas
l'impact
précis
sur
l'avenir
des
espèces.
Un
signe
encourageant
:
depuis
30
ans,
les
espaces
naturels
protégés
ont
quintuplé.
Les
zones
côtières
et
marines.
Une
meilleure
gestion
des
eaux
usées
et
des
eaux
de
ruissellement
se
traduira
d'ici
trente
ans
par
une
augmentation
moins
importante
de
la
pollution
côtière,
sauf
en
Asie
occidentale.
L'atmosphère.
L'action
internationale
de
reconstitution
de
la
couche
d'ozone,
qui
est
le
bouclier
protecteur
de
la
Terre,
par
une
réduction
de
la
production
et
de
la
consommation
de
chlorofluorocarbones
(CFC)
est
un
succès
notable
enregistré
par
le
rapport
Géo3.
Un
modèle
à
suivre
au
plan
climatique.
Car
au
XXIe
siècle,
le
thermomètre
sera
à
la
hausse.
Pour
lutter
contre
le
réchauffement,
la
lutte
contre
les
émissions
de
dioxyde
de
carbone
s'impose.
Seule
une
modification
radicale
des
comportements,
alliée
à
l'introduction
vigoureuse
de
mesures
d'amélioration
des
rendements
énergétiques
et
le
développement
d'énergies
renouvelables,
laissent
présager
une
baisse
de
ces
émissions.
La
ratification
du
protocole
de
Kyoto,
qui
balise
les
réductions
d'émissions,
par
une
majorité
de
pays
industrialisés
(à
l'exception
des
Etats-Unis),
est
sans
doute
une
des
«
vraies
»
sources
d'optimisme
pour
l'avenir.
En
2032,
les
émissions
mondiales
de
dioxyde
de
carbone
sont
inférieures
à
8
milliards
de
tonnes
par
an.
Cependant,
en
raison
du
temps
que
mettent
les
phénomènes
à
se
propager
dans
les
systèmes
climatiques,
les
concentrations
dans
l'atmosphère
commencent
à
se
stabiliser
vers
2050
seulement.
Source
:
Le
Soir
|